Le spectacle

Après "Education sentimentale (Roman-performance)", "Les Saisons (Roman-performance)" est la deuxième tentative d’Hugo Mallon et du collectif L’éventuel hérisson bleu de faire spectacle d’un « roman impossible ». En croisant Théâtre et Cinéma, création sonore et création scénographique, il s’agira plus que jamais de donner vie à un spectacle total, en plaçant au centre la littérature et sa mystérieuse puissance.

Les saisons est un livre à la fois culte et confidentiel, roman de Maurice Pons, publié en 1965.
C’est avant tout le roman d’un village de montagne dont on ne saura jamais le nom. Un village où l’automne ("la saison pourrie") dure quarante mois sous une pluie ininterrompue, avant que ne lui succède quarante mois d’un hiver ("le gel bleu") qui voit les maisons disparaître sous la neige et les puits exploser sous la glace. Avant que ne revienne l’automne, puis l’hiver...
Un village où la seule chose qui pousse est la lentille, qu’on consomme sous toutes ses formes. Un village où toutes les maisons sont dos à la route. Un village où l’on fait un drôle d’usage des rares animaux encore vivants. Un village ou l’on n’aime guère les étrangers.
C’est pourtant dans ce village qu’arrive un jour Siméon, rescapé d’un désert où a eu lieu un mystérieux génocide. Siméon décide d’y élire domicile pour se consacrer au rêve de sa vie : devenir écrivain.

« Les Saisons » est un roman inclassable, une fable noire insaisissable. Une parabole sans signification, un roman de fantasy sans magie, l’invention d’un monde qui a ses propres règles et qui entretient avec le réel un rapport déformé. Mais aussi un roman d’une urgence absolue qui interroge la nécessité de l’art et la possibilité du bonheur dans un contexte d’effondrement écologique et politique.

Le « roman-performance » est un concept inventé qui oriente nos tentatives sur le passage de la littérature au théâtre. C’est une forme qui pose cette question : que se passe-t-il si, plutôt que réécrire un roman pour qu’il devienne un matériau théâtral, on le met tel quel, en tant qu’objet littéraire, sur un plateau, en donnant une chance à la puissance de la littérature de se déchaîner ? Ce qu’on représente finalement, ce n’est pas seulement ce qui se passe dans le roman, mais ce que peut nous faire le roman quand on le lit. Le « roman-performance » se rêve comme une expérience métaphysique en temps réel, une véritable mise en performance du roman.

Au plateau, nous aurons recours aux moyens du théâtre, du cinéma, du son&lumières, des arts plastiques. Nous voudrions qu’il pleuve et qu’il neige. Beaucoup et pour de vrai.

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